9 oct. 2008 : Exposition ARTZ21, à Barcelone

L'exposition montée à La galerie ARTZ 21 s’articule autour d’environ 100 oeuvres représentatives des différents courants de l’art contemporain japonais – peinture, photo, poupées articulées, dessin, etc. Colorées ou mélancoliques, gaies ou inquiétantes, ces images explorent le thème du double et de l'avatar.

« FANTASIA EROTICA JAPONESA »


Dates : 9 octobre – 11 décembre 2008

Lieu : ARTZ 21 – 21 avingunda Marquès de L’argentera – 08003 Barcelone

Commissaire d’exposition : Agnès Giard

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1. UKIYO-E ET MODERNITE

UN SI DOUX VISAGE : JUNKO MIZUNO 


Née le 27 mai 1973 près de Tokyo


Décoratrice de night-clubs, graphiste et designer (CD, T-shirts, sites internet, défilés de mode, poupées), Junko Mizuno est surtout connue comme auteure de manga. Dès son premier album Pure Trance, en 1989, elle détourne l'esthétique des récits de magical girls sans jamais se départir d’un graphisme enfantin qui contraste fortement avec les récits sanglants intitulés Hell babies, Cinderella, La petite sirène ou Pulp : yeux miroitants, visage innocent, ses héroïnes sont armées de fémur humain ou de sextoys. Succès obllige, Junko Mizuno signe même la couverture d'un best-seller de Virginie Despentes : Bye bye Blondie. Ses expositions sont montées en Italie, aux USA, en France et en Allemagne.


WHO KILLED BAMBI ? : ASAKO HAYASHI


Née le 14 janvier 1983, à Tokyo

Asako cultive l’amour des couleurs pastel et joue les dissimulatrices sous les allures de la pure candeur. Dans les tableaux de cet artiste prolifique – lavis faussement ingénus et gravures sur cuivre imitant les images de livres pour enfant – de multiples détails viennent démentir l’innocence de façade : ces images se présentent comme des scènes de crime sexuel. Asako est la muse du peintre Nishimaki Toru. Elle lui sert de modèle et joue dans ses vidéos, généralement le rôle d’une petite fille pas sage qui brûle son gâteau d’anniversaire au fer à souder ou qui piétine des confiseries d’un air souriant.


ANTI-POUPEE BARBIE : NISHIMAKI TORU


Né le 11 octobre 1964


Tracées au crayon très fin puis frottées et retravaillées jusqu’à la maniaquerie, les oeuvres de Nishimaki tournent avec jubilation autour du désordre et du gaspillage. «Je représente l’univers où je voudrais être : Fukuga, un monde fait de plaisir (fuku : le bonheur. Enga : sensuel)… C’est un monde rempli à profusion de jouets pour adultes et de sucreries. Un monde pervers et polymorphe comme ce petit personnage de pieuvre que je mets dans tous mes tableaux.» Nishimaki est aussi expansif que son oeuvre, prodigal, débordant. «Je peins l’Utopie du plaisir», résume-t-il, par allusion au plaisir qu'il met en scène : celui de saccager, dilapider, détruire. 
Toru a publié un livre en français Décomposition splendide (éd. Magnus) et un autre en Japonais : Kurogiga-ka («Caricature Noire»).


TRIOMPHE DU PLAISIR : KANA YOSHIDA


Née le 3 décembre 1983 à Tokyo


Issue d’une famille chrétienne, Kana tient d’abord une sorte de journal intime fait de petits coeurs et de souvenirs romantiques. Inhibée, honteuse, elle dessine en secret des images de femmes nues qui dévoilent peu à peu leur anatomie. « D’abord, je dessinais des fleurs pour masquer leur sexe, en m’inspirant de Matisse. J’ai ainsi inventé beaucoup de fleurs qui n’existent pas. Mais, depuis 2006, je n’ai plus honte. Je dessine des vulves épanouies qui se déploient de plus en plus triomphalement dans mes peintures.» Diplômée de l’école d’art et de design de Tokyo, elle réalise des tableaux à l’acrylique ou à la peinture à l’huile qui sont comme des manifestes. Ses modèles s’y masturbent avec jubilation, dans des couleurs chaudes, lumineuses et solaires.

2. BEAUTE ET FRAGILITE

PETITES COPINES VIRTUELLES : HIBIKI TOKIWA


Né en 1966


Photographe et designer graphique à Tokyo, Hibiki Tokiwa signe les campagnes de marques Docomo ou Shiseido. On lui doit la maquette des albums de Denki Groove, Stereo Lab ou Yann Tomita. Dj international, régulièrement invité à Paris ou Londres, il a également participé à des remix de Pizzicato Five, Cornelius et YMO et il fait partie de plusieurs groupes de musique pop-électro : Space Ponch et Midnight Bowlers (aux côtés de quelques stars japonaises). Ses portraits de jeunes filles normales, qu’il rencontre aux hasard des soirées technos, sont prises au fish-eye – avec un effet de loupe : «Je veux créer un sentiment de proximité avec ces jeunes filles, comme si elles étaient votre petite amie, explique-t-il. Mais je fais toujours en sorte que les jeunes filles aient l’air un peu désorientées, tristes, solitaires, car c’ets cela qui émeut profondément les hommes.»
 Hibiki Tokiwa a publié au Japon de nombreux albums à succès : Sloopy Girls, Freedom of Choice, Girl Friends (1 et 2), Girl U WANT, Rolexibition et plus… Il a exposé au Japon et à Londres.


ROMANCE CRUELLE : GENGOROH TAGAME


Né le 3 février 1964


L’auteur de mangas Gengoroh Tagame se définit modestement comme un « artiste érotique gay », mais c’est le plus connu de tous, pour la puissance de ses récits d’initiations violentes. Ses récits s'inspirent des estampes de Yoshitoshi et des comics remplis de super-héros. Né dans une famille de bushi, il est élevé suivant des règles strictes : on lui interdit d'utiliser sa main gauche alors qu'il est gaucher. Son compagnon, un acteur porno gay, travaille dans un club SM. Gengoroh Tagame publie des mangas, des illustrations et des nouvelles depuis 1986. Ses mangas les plus représentatifs : Shirogane-no-Hana et Pride. Il a participé à la création du magazine G-Men et a signé deux livres sur l’histoire de l’art homosexuel au Japon (Gay erotic art in Japan, tome 1+2). Ses mangas sont publiés en France en France chez H&O Comics.



DE CORDES ET D’ILLUSIONS : YASUJI WATANABE


Né le 25 février 1966, à Kawasaki


Rédacteur en chef d’un magazine célèbre pour ses publications artistiques (Araki y collabore depuis 1979), le photographe Yasuji Watanabe y publie – sous le nom d’Amida – des clichés décalés montrant des jeunes filles habillées en poupée, le visage fermé, la mine boudeuse, attachées dans des décors de conte de fée dysfonctionnels. 
Yasuji Watanabe réalise également des vidéos érotiques de shibari, purs chefs d’oeuvres d’étrangeté onirique, succession de clips lents et doux tournés dans des paysages flous. Il a publié un livre aux éditions Reuss (Tokyo Girls) et ses photos ont été publiées par Taschen dans The New Erotic Photography.

3. EROTISME ET EXORCISME

LA JEUNE FILLE ET LA MORT : DAISUKE ICHIBA


Né le 7 avril 1963


Dessinateur d’avant-garde la nuit, patron d’une friperie de Nakano (un quartier populaire de Tokyo) le jour, Daisuke Ichiba calligraphie des histoires sans paroles, à la façon d’énigmes (les koan), dessinées à l’encre de chine et parfois rehaussées de peinture rouge. Il se définit comme un “violence bijin painter” : un peintre de la cruauté et de la beauté. Son héroïne, une mystérieuse jeune fille en costume de collégienne, porte un pansement sur l’oeil et manipule un couteau. Errant sur le bord de la rivière de la mort, elle croise des créatures aux visages ornés de vagins carnivores. Daisuke Ichiba a publié de nombreux livres : Ezumi, Hell, Fingers and tongues, Bada, Minds of women, Namazuko, El suicidio del amor… Il a participé à plusieurs expositions en Espagne et en France.

 

COLLEGIENNES REBELLES : KAWORI INBE


Née le 29 novembre 1980 à Tokyo


Auto-didacte surdouée, Kawori photographie des scènes de fiction imbibées d’une certaine forme de désespérance… De jolies collégiennes en uniforme fixent son objectif d’un air arrogant, la joue tuméfiée. Des “bad girls” à la jupe retroussée posent sous le drapeau nationaliste. D’autres brandissent avec détachement une liasse de billets. Kawori photographie une jeunesse à l’abandon, celle qui pratique l'enjo kosai (prostitution des mineures). Ses photos ont été publiées dans le très célèbre magazine SM&Sniper.
 En 2005, Kawori gagne le concours Epson et obtient le prestigieux prix APA (association des photographes de publicité). En novembre 2007, elle expose ses oeuvres au salon Nikon de Tokyo (exposition solo). En avril 2008, elle est sélectionnée pour faire partie d’une expo collective au salon Nikon d’Osaka et en juillet 2008, elle participe au “vice photo show” à Los Angeles, à la galerie Scion.


LES POUPEES AMBIGUES : BEE KANNO


Née le 30 août 1964


Bee Kanno fabrique des poupées à la Hans Bellmer, des kansetsu ningyo (poupées articulées) qui miment en la pervertissant l’idée qu’une femme pour plaire au Japon doit être une poupée…
Elle enseigne l’art de fabriquer ces poupées d’argile blanche aux jointures reliées par des élastiques, dont l’esthétique s’inscrit dans la lignée de Hans Bellmer. Ces poupées, doubles érotiques, parodient le statut de la femme-objet et fixent le spectateur d’un oeil mimétique… Bee Kanno fabrique leurs yeux elle-même, avec des pupilles minuscules afin qu’elles aient le regard semblable à un miroir. Elle insère des dents de céramique dans leur bouche, des cheveux humains ou en fil de soie sur leur crâne, et elle leur coud des vêtements afin de parfaire l’illusion. 

4. MIROIR DU JAPON

JACK RISTO
 : VISAGES ET COLLAGES

Né le 25 mars 1955, à Alger


Pionnier de la vidéo artistique au début des années 80, ancien collaborateur aux Cahiers du cinéma, il vit et travaille à Aix en Provence. Enseignant en vidéo-art et graphisme à l’école des Beaux-arts de Bourges, Jacques Risto applique depuis 2001 l’art du collage surréaliste au shibari : il suggère de nouvelles associations visuelles, poétiques et oniriques, en mélangeant des photos de Japonaises ligotées et des gravures de livres anciens. Il réalise aussi des portraits de jeunes Japonaises au regard plongé dans des pensées secrètes. Fasciné par les regards des femmes – qui reflètent «l’inconscience intérieure» -, il invente des charades métaphysiques. Le SM, il ne le pratique pas. Mais cette sexualité l'intéresse pour sa charge de fiction. 
Il a publié Doki-Doki, une série très limitée de 10 exemplaires, Couples-scènes de vie conjugale au Japon et Notes sur le sumo.


YONILAB
 : DETOURNEMENTS

Né le 9 février 1975 à Annecy


Artiste numérique et peintre français, Yonilab fait partie de cette génération d’artistes nourrie au biberon de séries japonaises et de jeux vidéos. Ses tableaux joyeux, débordent d’allusions à la culture pop : sucettes Chupa Chups, flingues, bikinis. Il travaille d’après photo et détourne souvent des images érotiques téléchargées sur Internet qu'il retouche et transforme sur la toile, à l’acrylique, jouant de transparences et d’aplats de couleurs comme s’il utilisait un logiciel Photoshop. Le tout retravaillé «street art», à l’aide de pochoir et de typos signalétiques : « Mon style est pop-eroticavec des sous catégories : pink fetish, dark pink, kawaii… En tout cas, c’est l’image d’une fille en plein combat que je tiens à montrer, un combat d’affirmation d’une féminité gaie et combative…» 
Il a exposé dans toute la France et à Houston.



EMMANUEL MOTTU
 : FEMMES REBUS

Né le 15 février 1969 à Genève


Peintre, vidéaste, styliste et graphiste suisse, Emmanuel Mottu fabrique dans son atelier de Genève des paravents inspirés d’estampes érotiques, des livres qui se déplient en trois dimensions, des armures de samouraï qu’il confectionne à partir de morceaux de pneus et des meubles proches de l’éventail. Il coud, il cloue, il colle des oeuvres-objets souvent dotées de doubles-fonds, proches de ces théâtres de poche dont le décor en trompe-l’oeil peut s’installer n’importe où… Son univers est celui des illusions. Les femmes qui en occupent le premier plan ont un corps composé de morceaux collés : les photos et dessins, photocopiés, découpés, agrandis ou réduits forment un invisible rébus. Emmanuel colle ces pièces détachées de seins, de hanche ou de visage, pour en faire des icônes séductrices. Puis, il les pose sur fond de fin de monde, d’architectures inquiétantes ou de mécanismes d’horlogerie. Emmanuel Mottu a exposé en Suisse, en Belgique, en France, collaboré à des défilés de mode ou des “tableaux-fresques” et créé un bar à nouilles rock alternatif. Il pratique le sabre japonais depuis 1987.

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