Au Japon, les médias désignent sous le nom d'Air Amour le fait de performer une relation amoureuse avec un être qui n’existe pas. La Société d’Histoire des Religions de l’Université de Genève m’invite à faire une conférence sur le lien entre les jeux de simulation amoureuse et la croyance.
Titre : «Les amours “virtuelles” au Japon : rituels de rencontre avec des êtres inexistants».
Présentation : Au Japon les simulacres affectifs se multiplient sous la forme d’épouse holographique, de boyfriend téléchargeable ou de petite copine interactive de poche qui présentent la caractéristique de s’adresser aux célibataires non pas pour les aider à trouver quelqu’un, ni même tout à fait pour les aider à supporter la solitude… mais pour l’aggraver. Ces objets visent en effet non pas à satisfaire les utilisateurs et utilisatrices mais à souligner de façon quelque peu «masochiste» (suivant leurs propres termes) la vacuité d’un amour simulé.
L’attachement aux personnages fictifs porte d’ailleurs le nom d’Air amour (ea ren’ai) par allusion au Air Guitar. Humour noir révélateur de ce que les consommateurs, hommes et femmes, font de ces objets au Japon : des outils pour signifier le refus d’intégrer le système matrimonial. Le refus surtout d’un monde ironiquement appelé «l’espace en 3D» (sanjigen no kūkan), c’est-à-dire «l’ici-bas». La pratique de l’Air amour s’inscrit de fait dans une logique d’interaction avec l’invisible. Il s’agit de convoquer un être, en détournant les rituels de rencontre amoureux au profit d’une scénographie dont les formes, hyper-codifiées, fournissent la mise en signe ostentatoire de ce que les adeptes des jeux nomment eux-mêmes «la fuite de la réalité».
Mardi 15 mai, à 18h15, Uni-Mail : Boulevard du Pont-d’Arve 40, 1204 Genève. Suivi d’une discussion avec Youri Volokhine et Violaine Duc.
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